
Chapitre 9 IOVEDR
Bien entendu, tout cela n’est possible que parce que vous ressentez un amour infini pour la femme qui partage votre destin.
Les gens autour de vous s’étonnent que vous puissiez à la fois “aimer” et désirer “partir”.
Vous êtes un homme qui aime, depuis toujours. Votre premier et dernier véritable amour aura duré 28 ans. Il a cessé pour permettre au prochain d’arriver, peu à peu, sans brusquerie. Il est difficile comme ça, d’en parler dans ce chapitre liminaire. Mais vous savez que vous y reviendrez forcément, car il est difficile d’écrire un livre sur ce que vous avez été, sans aborder l’amour, -les amours-, qui vous ont animé.
Mais revenons à ce mois de mars où l’idée de ce voyage à germé.
Vous êtes de ceux qui se battent, mais vous n’en pouvez plus. Vous avez besoin de repos, celui de l’âme, celui qui parfois suicide ou tue.
Dormir ne suffira pas.
Il vous faut tout quitter, remettre à zéro votre esprit, apprendre à désapprendre, perdre vos réflexes, oublier vos habitudes, casser vos routines.
Charlotte, passée si près de la mort, veux vivre, construire, bâtir ! Elle a besoin de défis.
Vous souhaitez tout arrêter au moment où elle désire le plus au monde tout construire.
Vous sentez bien que sa soif de vie outrepasse votre désir de mourir.
Il est grand temps d’accorder vos violons.
Dans votre tête, vous êtes le pire amant qui existe. Vous transportez avec vous trop de fardeaux, trop de colère, elle les subit même parfois.
Elle vous répète souvent que vous ne devez pas vous obstiner à autodétruire ce que vous aimez le plus. Vous êtes persuadé d’être un type bien, de mériter ce bonheur qu’elle vous offre, mais votre sac à dos est rempli de mauvais souvenirs comme des rats morts qui pourrissent vos relations, et cet amour encore plus.
Il faut partir pour vous reconstruire, pour revenir avec des idées neuves, moins de désespoir et plus de joie de vivre.
C’est exactement le point, la clé, pour comprendre votre démarche.
On dit souvent qu’on ne peut aimer l’autre que si on s’aime soi-même.
Il est temps, pour lui offrir un amour digne d’elle, d’aller chercher dans ce voyage un moyen de vous aimer à nouveau.
Cet amour est si fort que vous n’abordez aucune des questions stupide du genre : vous attendra-t-elle ? Sera-t-elle capable ? Va-t-elle vous manquer ?
Vous connaissez déjà la plupart de ces réponses.
Vous mettez à profit cette période de gestation pour vous retrouver une dernière fois avec l’autre vous, l’ancien, le “moins-bien”. Vous reviendrez comme un homme nouveau, une belle statue de marbre qu’on aurait poncée afin d’en ôter toutes les mauvaises aspérités.
Sans partir, vous serez son boulet, vivant, mais à ses dépens. Vous souhaitez ardemment lui offrir un homme capable d’aimer entièrement, complètement, pleinement. Et donc “revenir”.
Il est temps que le Pierre-Yves d’hier meurt pour laisser sa place au Pierre-Yves de demain.
Vous en parlerez souvent durant cette période de gestation. Infinie tristesse au début, votre amour comprend votre démarche. Elle sait qu’il y a une sorte de fatalité à tout cela. La tristesse n’est pas injuste, elle est plutôt saine et tous les deux, vous la laisser s’exprimer à chaque fois que vous en avez besoin.
Puis cette tristesse laissera un peu de place à la nostalgie, pour au mois de septembre se transformer en joie de se retrouver, plus tard, autrement, mieux.
Vous organisez des ravitaillements d’amour, des endroits le long de votre route, où Charlotte prendra l’avion pour venir vous rejoindre. C’est aussi important pour vous, car vous souhaitez absolument être tenu au courant de ce qui se passe chez vous, mais pas par message, pas par mail. Vous avez envie de la voir, de regarder ses yeux et de lire un peu de son cœur.
Afin de pacifier votre absence, vous optez pour un boîtier satellite qui vous permet de lui dire à chaque instant de votre voyage que vous l’aimez, que tout va bien, que vous êtes à cet endroit là.
Elle pourra vous suivre en temps réel sur la carte d’un site internet. Elle participera un peu à votre aventure.
Vous relisez quelques passages de ces premiers chapitres. Vous partez demain.
Vous sentez que vous avez déjà un peu changé : moins de colère, moins de fuite.
Ces 9 mois vous auront recentré, déjà un peu. Vous êtes bien conscient des enjeux pour votre vie intime, votre vie sociale, votre vie familiale et votre vie entrepreneuriale.
Ces derniers jours ont été à la fois drôles et importants. Vous avez appelé cette phase la “phase des derniers”.
La dernière pizza, le dernier mcdo, le dernier tour en moto à deux, le dernier dodo, les habits qui resteront là après la dernière lessive, la dernière vaisselle, la dernière connexion sur l’e-mail professionnel, un dernier baiser, une dernière accolade, un dernier sourire et dernier “au revoir”.
Que ce soit un “au revoir”…
…“adieu”n’est plus une option !
FIN DE AVANT DE PARTIR