
Chapitre 66 IOVMEDR
Vous y avez pensé, à en terminer avec tout cela.
Mais vous n’êtes pas quelqu’un de suicidaire. Surtout, vous avez construit tout cela pour divertir les gens, pas pour vous retrouver toutes les semaines à défendre vos intérêts dans des tribunaux.
Et soyons très clairs : vous ne savez rien faire d’autre.
Vous auriez pu dire tout le mal que vous pensez d’Abdel au juge, vous auriez pu lui montrer les résultats des détectives privés que vous avez engagés, mais la justice vous a fatigué, épuisé.
Vous avez bien en tête que vous n’êtes pas un justicier, mais avez-vous tenté de l’être ?
Dans votre cerveau de petit Suisse bien ordonné, vous pensiez qu’en cas de conflit sans solution, la justice était là pour vous aider, pour prendre une décision à votre place, objective, raisonnable. Vous auriez accepté cette décision, quelle qu’elle soit, comme vous l’avez fait pour votre punition ou pour le fiasco de Filou. Bien entendu, l’injustice est très forte dans votre esprit, mais qu’en savez-vous finalement. C’est plus un sentiment que la raison.
Le 14 mars 2024, Charlotte a repris du poil de la bête. De votre côté, vous n’êtes que l’ombre de vous-même.
Vous êtes fini, épuisé, mort socialement.
- Je souhaiterais te faire part d’un projet. Je crois que je vais tout lâcher, que je vais m‘en aller, faire un voyage en moto, me ressourcer, j’en ai besoin.
Charlotte accueille la nouvelle avec stupeur, mais elle a tellement d’amour pour vous qu’elle accepterait n’importe quoi pour que vous alliez mieux. Elle n’a pas besoin d’argumentaire pour comprendre que c’est certainement une solution. Pas celle qu’elle aurait choisie, évidemment, mais à répéter chaque fois les mêmes actions, on provoque à chaque fois les mêmes résultats. Il est temps de mettre un grand coup de pied au destin, pour tenter d’en faire évoluer la finalité. - Je comprends, je pourrai m’occuper de ta société, je ne sais pas si j’en suis capable, mais je suis prête à relever le défi. Comme j’ai failli mourir, j’ai envie de croquer la vie à pleines dents et j’ai toujours rêvé de créer ma propre entreprise, je pourrais m’identifier à Henigma, je la connais par cœur et je t’ai souvent dit que je la considérai comme mon bébé à moi aussi.
Vous concluez une longue discussion par ces mots :
- Je suis à bout, ma réputation ne vaut plus rien, même si tu fais tout faux, tu ne feras que mieux que ce que j’arriverai à faire si je reste.
Vous la regardez, intensément, avant d’ajouter :
- Et je suis persuadé que tu feras des merveilles à la tête d’Henigma.
C’est ainsi que tout a commencé.
Ce début n’a eu pour raison que d’empêcher votre fin. Puisqu’on est le 14 mars, vous vous donnez 7 mois, une petite période de gestation de prématuré, afin de vous préparer, de la préparer et de vous en aller.
Il faut se donner une date, la fixer dans le marbre et s’y tenir, car sinon vous savez pertinemment que vous ne partirez jamais.
Vous fixez votre départ au 14 octobre 2024.
Vous savez que si vous restez, vous allez tourner en rond à attendre que justice se passe.
Cette idée est intolérable.
Certains mettent fin à leurs jours, d’autres vont en maison de repos, d’autres encore se rendent à pied à Compostelle ou à Katmandou : vous, ce sera l’Afrique de l’Ouest en moto solo…
…du moins, pour commencer !
Aujourd’hui, sur ces routes du Cameroun, vous savez que la procédure contre Abdel n’a pas avancé d’un centimètre. La séance du mois d’octobre a eu lieu, avec différents témoins qui sont venus confirmer votre version, sauf un. Un témoin ne s’est pas présenté, sans s’excuser ni informer le tribunal. Le juge a décidé de laisser à Abdel jusqu’en mars 2025 pour le retrouver. Voilà comment vous pouvez gagner 6 mois dans une procédure judiciaire suisse si vous en avez besoin : il suffit de citer à comparaître un témoin qui oublie de venir le jour de la convocation.
En mars 2025, vous aurez 50 ans, le procès contre Abdel aura commencé il y a 3 ans et aucun résultat n’aura été avancé, si ce n’est cette certitude qu’à la fin, vous gagnerez !
“Paiement à la signature”, putain !
Ce type est un véritable escroc. Il est un fils de riche libanais, il a assez d’argent pour s’offrir les meilleurs avocats qui, une fois encore, utilisent toutes les ficelles de la justice pour gagner du temps, un temps qu’ils peuvent mettre à profit pour vous désintégrer, vous faire passer pour le salaud et avoir le temps, pourquoi pas, de mettre votre société en faillite. D’autres l’ont vécu avant vous, et avec Abdel en particuliers. Des petites PME genevoises qui ont mis la clé sous la porte à cause des méthodes de ce monsieur. Ces gens vous ont écrit suite à un article qui est paru dans le journal “Le Temps”. Sans rien leur demander, il vous ont expliqué leur situation, comment ils avaient perdu, non seulement leurs entreprises, mais aussi la raison. Certains ont payé le prix fort en perdant leur famille et leur maison. Vous vous sentez proche d’eux, vous êtes quelque part, l’un d’eux. Cette histoire pose aussi la question de l’attitude des avocats. Dans ce cas précis, ceux-ci sont professeurs à l’université. Vous savez avec certitude que ces émissaires sont absolument conscients de leur méthode, de leur mauvaise foi et des procédés qu’ils utilisent, faisant passer le droit avant la justice.
C’est désespérant d’imaginer qu’ils ont l’autorité de former les futurs avocats durant leurs études. Tout ceci n’est qu’un jeu, mais il serait bon que la déontologie soit tout de même présente dans le débat juridique.
Chaque homme, même le pire des salauds, mérite d’être défendu. En particulier pour éviter que l’émotionnel ne s’empare de la justice, mais aussi pour éviter que ses droits ne soient bafoués sous prétexte de ses méfaits.
En résumé, même le pire tueur en série à le droit de finir ses jours dans une prison décente comme le prévoit la loi, la peine de mort n’existant pas en Suisse. Mais de là à avoir des avocats qui se permettent, malgré les preuves irréfutables, d’inventer des mensonges et s’armer de mauvaise foi pour le faire acquitter, il me semble que c’est déontologiquement discutable, que c’est un manque de respect envers les victimes, leurs familles et en fin de compte, une insulte à notre démocratie.
Demain vous prendrez la route de Penja où vous vous réjouissez de déguster le meilleur poivre du monde !
Mettons du piment dans nos vies ... avant que les autres y mettent le feu !
Fin de Transcendance (partie V)