65. Un team building parc au Cameroun ?

65. Un team building parc au Cameroun ?

Mercredi, Avril 9, 2025 [ROMAN]

Chapitre 65 IOVMEDR

Vous arrivez à Magba en début d’après-midi.

Magba, c’est le lieu où le goudron rencontre la piste en terre.

Vous n’osez y croire, les habitants vous confortent dans l’idée que pour vous, la piste c’est bel et bien terminé au Cameroun.

Vous jetez votre dévolu sur un petit hôtel de Magba : la chambre n’est pas chère, il y a de l’air conditionné, mais surtout un bar et un restaurant. Vous décidez de prendre le temps de bien vous installer, ordinateur sur les genoux pour profiter d’un peu de calme après ces jours indescriptibles de fuite en avant. Il ne manque que le wifi, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

Le responsable de cet hôtel, Alain, est un homme d’une quarantaine d’années. Au fil des bières, vous sympathisez et il vous explique que cet hôtel est un revenu annexe, il est en fait agriculteur et il souhaiterait générer plus de clientèle grâce à sa proposition d’hébergement. Les chambres sont juste passables, soyons clairs, mais le bar est très sympathique et vous y mangez bien. Pourtant, vers 22 heures, la discussion prend une tournure étrangement familière.

Vous lui avez expliqué que vous travaillez dans le monde de la culture et du divertissement en Suisse. Il vous dit alors :

- Moi, ce serait mon rêve de tomber sur un type comme toi qui mettrait un concept de Team Building pour les entreprises au sein de l’hôtel. Je m’occuperais de la partie hébergement et restauration, mais tu pourrais y installer des activités culturelles ? Les entreprises viendraient pour y passer deux ou trois nuits, profitant de la salle de conférence pour assurer leur séance professionnelle tandis que dans l’après-midi et dans la soirée, tu les divertirais dans des activités qui renforceraient leurs liens, passant de collègues à amis.

Vous n’en revenez pas.

Une fois encore, c’est comme si le destin s’amusait à placer sur votre chemin des miroirs imparfaits de votre vie d’avant. La même proposition qu’Abdel !

- On pourrait en faire un Team Building Hôtel, ajoutez-vous en riant ?

- Exactement, tu as tout compris mon frère.

Vous passez le reste de la soirée à rêver. De votre côté, vous savez bien que cela ne se fera jamais, l’endroit est trop éloigné des deux villes principales du Cameroun, le pouvoir d’achat trop faible, mais cela fait du bien de se projeter dans un futur utopique. Cela vous fait du bien à vous, Alain a des étoiles dans les yeux.

Néanmoins, vous êtes assez clair sur votre propre disposition à relever ce défi et vous le quitter au matin des rêves plein la tête, mais bien évidemment rien de concret.

Ce mois de septembre en Suisse est éreintant. Abdel dépose une plainte civile et pénale contre vous. Vous serez puni sur les deux plans. La juge vous explique que vous êtes un petit rigolo arrogant, que vous n’êtes pas un justicier, que les gens comme vous sont des parasites pour la société et que vous devriez avoir honte de vous présenter devant son autorité sans avocat.

Vous avez beau lui expliquer qu’un avocat coûte de l’argent et que persuadé, de bonne foi, de n’avoir rien fait de mal, vous êtes parti du principe que vous ne risquiez rien, mais il ne l’entend pas de cette oreille.

Vous résumez dans votre tête ces séances, par trois fois, qui vous ont coûté déjà assez de temps et d’argent, car venir à Genève pour un Valaisan coûte de l’essence. De l’argent, vous n’en avez plus du tout. Vous estimez que vous avez eu au moins le courage de vous présenter à ces séances, mais rien de ce que vous pourrez dire vous aidera, bien au contraire !

Vous n’oublierez jamais la conclusion du juge :

- En Suisse, Monsieur Franzetti, il est interdit de dire du mal des gens, même si c’est vrai !

Du côté du camp d’Abdel, les avocats sont à la fête.

Ils vous dégoûtent.

Ils ont usé, comme toujours, de mauvaise foi, mais surtout, ils ont été irrespectueux et dénigrants tout au long de la procédure. Il a déposé plainte début juillet, vous voilà puni le 15 février 2024. 6 mois là où en 3 ans, vous n’avez pas avancé d’un centimètre.

Votre colère envers la justice suisse est à son acmé !

Votre départ en Afrique est en train de prendre forme.

Vous vous souvenez encore qu’entre juillet et février, il y a eu ce fameux mois de décembre 2023 où Charlotte, votre directrice et votre nouvelle compagne, a fait son AVC à tout juste 35 ans. L’avocat que vous avez mandaté en septembre vous apprend qu’une séance aura lieu sur votre plainte à vous ce même mois de février, mais il s’agit surtout d’établir la liste des témoins qui seront entendus et le rythme des prochaines séances… une séance qui sera fixée au mois d’octobre 2024, soit dans huit mois.

Vous ne le savez pas encore, mais vous aurez pris la route depuis une semaine.

Ce même mois de février, vous recevez de la part du canton un rendez-vous pour organiser la saisie des biens de votre entreprise.

La personne qui représente l’État est très gentille, elle vous explique ce qui se passe. Vous circulez dans les locaux de Sion en établissant la liste des biens que vous devrez vendre afin de pallier à vos défauts de payement, mais vous vous arrangez pour prévoir un plan de paiement sur 12 mois qui vous permettra peut-être de sortir la tête de l’eau, car bien que sympathique, sa dernière phrase est ferme :

- Un seul jour de retard et je reviens saisir tout ça.

L’ambiance est terne autour de vous, dans votre tente, sous la neige, sans argent et avec Charlotte qui divague suite à son AVC. Vous vous sentez bien seul.

Vous vous souvenez que durant le COVID, l’état à décidé de ne pas vous aider, mais par contre il est bien là pour venir saisir vos biens. Vous vous souvenez de Filou qui finalement ne sera jamais puni pour ce qu’il vous a fait, que le cas Jicé n’a toujours pas été jugé et qu’Abdel tente de faire mourir votre société pour ne pas avoir à payer.

C’est peut-être qu’une impression, mais vous avez le sentiment très présent que la justice est complice de tout cela, jouant le jeu des truands plutôt que celui de la justice.

Vous vous retrouvez donc le jour de votre anniversaire, en mars 2024, avec une procédure qui traîne, une ligne vient de s’inscrire dans votre casier judiciaire et vous avez des poursuites et des actes de défaut de biens longs comme le bras sur votre entreprise.

En principe, c’est à ce moment-là qu'une personne sensée pense à mettre fin à ses jours.

D’autant plus que vous avez, dans cette phase de votre vie d’entrepreneur, croisé quatre gros salopards : Filou, Jicé, Abdel et Jipé.

Mais Jipé, vous vous en souviendrez dans la prochaine partie de votre voyage.

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