21. Votre mariage

21. Votre mariage

Vendredi, Décembre 27, 2024 [ROMAN]

Chapitre 21 IOVMEDR

Pour comprendre toute l’histoire, pour vous remémorer ces gens qui ont voulu vous empêcher de rêver, vous décidez de commencer par la fin.

C’est en effet votre mariage qui a déclenché votre besoin de faire ce voyage.

L’histoire est relativement simple, vous avez rencontré votre épouse, -appelons-la Marilou en hommage à Gainsbourg-, en 1994, vous aviez alors juste 19 ans.

Vous vous êtes aimés comme des fous jusqu’en 2019.

Vous avez pensé que le problème venait de vous, alors vous avez essayé de vous “soigner”, prenant jusqu’à 8 Xanax par jour pour accepter votre destin.

En 2021 vous arrêtiez le carnage sur votre corps.

Mi-2022 vous quittiez la maison.

Le pourquoi du comment de la responsabilité de qui n’est pas très important.

Le fait est que, pour résumer votre vie, vous avez financé votre vie de couple, puis de famille, des débuts jusqu’en 2013. Puis en 2013, vous créiez votre entreprise et Marilou devenait avocate. Elle reprenait alors les rênes des finances de la maison, elle subviendra aux besoin de votre famille jusqu’à votre départ.

Au moment où vous quittez votre domicile, vous gagnez 13 fois moins qu’elle, en terme de salaire.

Quitter le domicile est une réalité que vous ne souhaitez à personne. Vous vous retrouvez sans le sou, à dormir dans votre bureau ou chez vos sœurs. Mais vous culpabilisez toujours énormément de l’échec de votre mariage. Vous sentez que dans une rupture, tout le monde est responsable. Ce mariage a été la fruit de la naissance de trois beaux enfants que vous adorez. Votre sacrifice leur assure au moins d’être dans la meilleure situation pour préserver ce que vous pouvez, dans la limite de vos moyens.

Vous trouvez une sorte de mayen pour vous héberger, mais vous n’avez vraiment pas les moyens de le garder, alors vous le rendez. Depuis, vous dormez dans votre tente, qui est votre maison.Cela peut paraître absurde d’être chef d’entreprise et de dormir dans une tente, mais c’est un pari que vous faites sur l’avenir. Vous avez de la peine à vous projeter dans le temps, mais votre entreprise va bien et devrait dans les années qui viennent vous permettre de subvenir à vos besoins.

Vous êtes bien conscient de commencer cette histoire par la fin, mais il y a ces quatre procès, ces quatre personnes, ces mauvais payeurs qui ensemble, vous doivent presque 2 millions de francs suisses.

Les procédures sont en cours, mais vous y croyez, que justice soit rendue, et alors tout devrait bien aller pour vous.

Ces nuits dans votre tente, au froid, parfois sous la pluie ou dans la neige, vous vous persuadez que des temps meilleurs vont arriver.

Vous ne demandez pas grand chose à la vie, juste qu’elle vous sourie.

Vous ne demandez pas grand chose à votre épouse, juste qu’elle vous laisse vous démêler de vos histoires sans vous demander quoi que ce soit.

Vous souhaitez divorcer rapidement, non pas parce que c’est quelque chose d’important, mais pour récupérer vos fonds propres et améliorer votre situation économique. Vous ne trouvez pas d’accords.

Elle n’accepte le divorce que si vous acceptez de payer 1’000 CHF / enfants.

Vous gagnez 700 CHF / mois, cela semble très compliqué d’accéder à sa demande.

La situation s’enlise.

Vous essayez de maintenir le lien avec vos enfants, mais vous sentez bien qu’ils sont endoctrinés par un camp. Pas forcément par Marilou, mais par votre belle-famille toute entière.

Vous décidez de tenter d’accélérer les procédures, vous dénoncerez vos mauvais payeurs sur internet afin peut-être d’activer une négociation avec eux.

C’est tout le contraire qui se passe. Vous vous enlisez encore plus.

Vous croyez aux bénéfices du temps, vous tenez le coup. Dans votre tente, chaque nuit, votre colère augmente. Vous voyez bien dans les yeux de vos enfants que vous leur faites un peu pitié, leur regard est difficile à supporter.

Pourtant leurs mots, parfois, sont si emplis d’amour que cela vous met dans une détresse totale. Vous continuez à garder espoir que votre situation s’améliore.

Le problème, c’est que ces procédures coûtent de l’argent, un argent que vous n’avez pas, et vous finissez par vendre votre moto (vous en aviez deux à l’époque) et de sortir votre assurance-vie pour subvenir à vos besoins.

Mais la situation ne s’améliore pas. Elle ne se détériore pas non plus. Les procès continuent à leur rythme. Vous ne comprenez pas ce qui se passe. Vous savez juste que tous ces juristes, ces avocats, ces juges, semblent complètement déconnectés de la réalité. Personne ne tient cinq ou six ans dans ces conditions, attendant une décision qui permettrait à un homme de survivre. Ajoutons à cela tous les mensonges du COVID et vous n’en pouvez plus.

Vous êtes à bout.

L’État, lors du COVID, vous avait promis de vous aider, mais ils ne l’ont pas fait. Vous êtes couvert de dettes que l’entreprise arrive à rembourser, mais il lui faudra 4-5 ans pour le faire. Que se passera-t-il si une des institutions à qui vous devez de l’argent se mettait à l’exiger pour hier ?

Finalement, vos décisions sont bonnes : votre famille reste dans la maison qui vous appartient. Vos enfants sont protégés de vos malheurs et le seul à souffrir de la situation, ça reste vous, et c’est votre choix.

Enfin, votre choix…

Vous avez des papiers qui servent à rien. Vous aviez fait à l’époque une demi-licence de français / philo à l’université de Genève, mais à l’époque, on ne parlait pas de bachelor et de master. Il y avait la licence, c’est tout. Un demi-licence est un demi-rien.

Vous aviez ensuite fait un diplôme de l’ETH de Zürich en Sciences militaires, mais ce papier ne sert qu’à être militaire de carrière, une voie que vous avez quitté il y a 10 ans. Vous êtes incapable d’y retourner car non-seulement vous n’êtes plus à jour, mais surtout la Confédération a dans ses règles de ne pas engager des gens de plus de 40 ans.

Votre rôle de chef d’entreprise, on vous l’a bien fait sentir durant le COVID, nous vous donne droit à rien, ni au chômage, ni à de la valeur sur le marché.

La faillite c’est votre mort.

Faire faillite avec 2 millions d’impayés, c’est une absurdité.

Après 13 années à avoir défendu les valeurs de la Confédération, vous avez l’intuition que ce genre de chose ne peut pas arriver. Sinon, c’est tout votre système de valeur qui s’effondre.

L’inattendu, c’est de voir vos biens séquestrés.

Avec vos dettes, impossible de louer quoi que ce soit. Avec votre salaire non-plus. Qu’à cela ne tienne, dormir dans votre tente n’est pas un problème. Votre passé de militaire vous prépare à affronter l’hiver et le froid.

Mais Marilou n’est pas de cet avis. Elle décide de vous refuser l’accès à la maison, celle dont 100% des fonds propres vous appartiennent. Elle en fait changer les serrures, elle décide d’appeler la commune pour signaler que vous n’habitez plus là. Elle enlève votre nom de votre boîte aux lettres et signale à la poste que vous n’habitez plus là.

Vous prenez contact avec la commune, avec la poste, mais visiblement comme Marilou utilise son statut d’avocate, les gens ont peur et n’accordent aucun crédit à vos paroles.

En quelques jours, vous vous retrouvez sans domicile fixe.

Une situation que vous pensiez impossible en Suisse.

Vous ne recevez plus votre courrier, vous ne pouvez plus faire vos papiers et à cause de cette situation, les juges commencent à vous signaler leurs décisions par l’intermédiaire du bulletin officiel. Votre image et celle de votre entreprise se dégrade.

Il est peut-être temps de mettre fin à tout cela.

Votre choix se résumait à mettre fin à vos jours ou à partir faire ce voyage en Afrique.

Vous n’êtes pas suicidaire, du moins, vous ne le pensez pas.

Avec vos 700 CHF de salaire par mois, vous vivrez mieux en Afrique qu’en Suisse. Et quitte à dormir dans votre tente, autant que ce soit dans des décors magnifiques.

Vous avez besoin de changement et gageons que ce voyage vous changera.

Votre colère est à son apogée !

Vous regardez des gens jouer au foot sur la plage. Vous sirotez un Fanta.

Vous prenez conscience que vous venez de vous remémorez les faits qui vous ont poussé à partir en Afrique. Mais vous n’avez pas encore pris le temps de digérer ce qui vous a fait quitter le domicile conjugal.

Vous n’êtes toujours pas prêt.

FIN DE DIRECTION LE SUD

Gaillard
Ecrit
Jeudi, Février 6, 2025
🥲🙏🏼
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