20. Viol collectif en Casamance

20. Viol collectif en Casamance

Mercredi, Décembre 25, 2024 [ROMAN]

Chapitre 20 IOVMEDR

Dans la discussion avec Fifi, il vous décrit les tensions en Casamance.

Il vous explique que dernièrement, un auto-stoppeur autrichien s’est fait arrêter sur la route qui relie Ziguinchor à la Guinée-Bissau par six faux policiers. Ils étaient en civil, se faisant passer pour des policiers de la brigade des stupéfiants.

Ils ont décidés de la fouiller, allant jusqu’à pénétrer son intimité derrière un palmier, sous prétexte d’une fouille anale toute réglementaire.

Ils ont fini par le violer tous les six.

Vous avez beau vous dire que c’est horrible, vous tentez tout de même de vous rassurer. Ça n’arrive pas tous les jours.

Avant de partir, vous allez sur le site du DFAE. Ils déconseillent d’aller en Casamance à cause des tensions qui règnent dans le pays. Ils mettent aussi en garde contre des mines qui joncheraient le sol, vous invitant à bien rester sur les routes si vous devez vous y rendre.

Décidément, la peur ne vous quittera plus jamais.

Néanmoins, tout en roulant, vous vous régalez de la beauté des paysages que vous traversez. Plusieurs fois, vous croisez des gens qui tirent une épaisse corde en travers de la route pour vous demander de l’argent.

Votre grosse moto leur fait peur. Lorsque vous vous rapprochez, à chaque fois la corde se baisse, suffisamment pour vous permettre de donner un coup de gaz et de passer sans vous arrêter.

Vous gardez en tête que si les méthodes des faux-policiers commencent par une corde tendue au milieu de la route, cela va être compliqué de choisir entre les mines hors de la route ou le viol derrière un palmier.

Vous arrivez à la frontière.

Le passage se fait rapidement, sans problème, en moins d’une heure les quatre offices compris.

En effet, il y a à chaque frontière quatre postes à traverser : l’immigration du pays sortant pour faire tamponner votre passeport, la douane du pays pour faire signer votre carnet de passage d’exportation de votre moto. Puis, dans le pays entrant, passage à la douane pour faire tamponner votre CDP d’importation de la moto, et une dernière fois l’immigration pour votre passeport et son visa.

Vous souriez en imaginant que chaque douane européenne exige plus d’une heure pour être passée. Heureusement que ce n’est pas le cas. La libre circulation des personnes semble être un progrès phénoménal vu d’Afrique.

Vous poursuivez votre route jusqu’à Bissau, la capitale de l’ancienne colonie portugaise. L’architecture est magnifique.

La Guinée-Bissau fait partie des 9 pays les plus pauvres du monde. Sincèrement, cela ne se voit pas. Pas en comparaison d’autres pays déjà traversés.

Vous distinguez au loin du port, ce fameux bateau turc. C’est un génératrice géante qui fournit l’entier de l’électricité du pays. Brûlant du pétrole jour et nuit pour diffuser le courant. Chaque région est livrée en électricité selon un horaire bien précis. Il est fréquent de voir dans les hôtels non seulement le prix de la chambre, mais avec cette indication : électricité disponible de 19h à 22h.

Il y a 6 pays africains qui disposent de ce système de bateau-génératrice, mais la Guinée-Bissau est le seul pays à en dépendre entièrement pour son électricité.

Vous comprenez que vous entrez alors dans le véritable “voyage”. C’est maintenant que commence votre aventure.

Vous trouvez un hôtel entre Bissau et la frontière de la Guinée. Vous souhaiteriez y demeurer quelques jours, parce que vous êtes fatigué, mais vos vieux réflexes d’européen vous rattrapent : sans électricité et sans connexion, il vous faut continuer votre route.

Vous trouvez une connexion très mauvaise à un emplacement très précis de votre hôtel. Vous donnez quelques nouvelles à vos proches.

En buvant une bière, vous décidez qu’il est temps de cesser d’avoir peur.

Cette histoire de viol collectif en Casamance, cette peur d’une aide non-désirée en Gambie, c’est vous qui provoquez votre propre peur.

Dans une ville comme Paris, des viols se produisent chaque nuit. Pourtant cela ne vous empêche pas d’y aller régulièrement.

Il faut apprendre à dire non à cette peur, sans vous énerver.

Mais la véritable leçon, c’est de cesser de croire que vous êtes le jouet de forces supérieurs. Il vous faut reprendre votre destin en main. Il vous faut surtout apprendre à faire confiance à la vie.

Votre voyage se déroule bien. Vous n’avez pas eu de problèmes majeurs et si on y réfléchit, vous êtes parvenus jusqu’ici sans casse, sans pertes et sans dépenser d’argent en dessous de table si ce n’est ces 10 EUR en Gambie.

Vous décidez de vous acheter une bouteille de vin rouge.

Vous buvez à vous !

Il est temps de vous remettre sur pied. D’affronter la vie par l’intermédiaire de ce voyage.

Vous souriez.

La vie est simple, il faut arrêter de vous la compliquer.

Il est temps de vous remettre en tête les raisons qui vous ont amenées ici, au fin fond de l’Afrique, à plus de 7’000 kilomètres de chez vous.

Ismaël, votre jeune ami gambien, vous écrit tous les jours pour avoir de vos nouvelles. Au début vous lui répondiez, poli. Puis vous comprenez que cette relation doit être coupée, alors vous décidez de ne plus lui répondre. Cela n’est pas dans vos habitudes, mais vous comprenez que parfois, c’est la seule solution. Vous êtes confronté à l’idée que cette fois, expliquer ne suffira pas.

Vous renaissez un peu !

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